Traviata (Critique)


Traviata

D’après La Traviata de Giuseppe VERDI

Conception : Benjamin LAZAR, Florent HUBERT et Judith CHEMLA

Mise en scène : Benjamin LAZAR assisté de Juliette SEJOURNE

Arrangements et direction musicale :  Florent HUBERT et Paul ESCOBAR

Chef de chant : Alphonse CEMIN

Scénographie : Adeline CARON assistée de Nicolas BRIAS et Fanny COMMARET

Costumes : Julia BROCHIER

Lumières : Maël IGER

Maquillages et coiffures : Mathilde BENMOUSSA

 

Avec :

Florent BAFFI, Damien BIGOURDAN, Jérôme BILLY, Renaud CHARLES, Elise CHAUVIN, Judith CHEMLA, Axelle CIOFOLO DE PERETTI, Myrtille HETZEL, Bruno LE BRIS,
Gabriel LEVASSEUR, Sébastien LLADO, Benjamin LOCHER 
et Marie SALVAT

 

Au Théâtre des Bouffes du Nord

Jusqu’au 3 octobre 2023

Quand Benjamin LAZAR se réapproprie La Traviata, le résultat est aussi improbable que réussi !

C’est une Traviata qui, à juste titre, ne manque pas d’air ni d’audace. L’œuvre se présente pleine de mordant grâce à une relecture du livret qui devient outrecuidant et donc, tout à fait pertinent. On adore les nombreuses références qui se glissent dans le texte.

L’ensemble est  rondement mené. Les artistes sur scène sont à la fois musiciens, comédiens et bien entendu chanteurs. Notons que le jeu n’est jamais relégué au second plan. Bien au contraire, il est mis sur le même plan que le chant lyrique. Quant à la partition, elle participe également à la narration par des sorties de pistes incroyablement bien pensées. La musique se pare ainsi de contretemps, fausses notes volontaires et vient parfois, malgré l’utilisation d’instruments de musique classiques frôler le rock n’roll. A t-on déjà vu une flûte traversière prendre une cadence endiablée pour s’accoquiner avec les rythmes électriques d’une contrebasse. C’est un orchestre qui plus d’une fois se joue de nous avec malice.

La scénographie se veut, elle aussi, électrique. Mais pas que, elle est aussi vampirique, spectrale et surtout vaporeuse. Pleine de panache, elle ravira novices comme habitués d’œuvres classiques dans une mise en scène superbement sauvage.

On notera une Judith CHEMLA au parlé doux et franc et à la voix pénétrante comme pour faire un fabuleux pied de nez à sa condition suggérée de courtisane. Elle est un murmure dans le chaos, un cri dans le silence.

Traviata ou quand le charme patiné des murs des Bouffes du Nord réhausse la modernité d’un récit.

Crédit photo : Pascal Gély

L’histoire

Un parfum entêtant et paradoxal de rêve et de réalité flotte autour de La Traviata, comme si la vie et la mort de cette femme dite « dévoyée » semblaient à la fois plus réelles et plus insaisissables que celles des autres héroïnes lyriques. Ce parfum composé d’essences de fleurs rares, d’alcools, de médicaments, de peaux caressées, d’argent prétendument inodore, Giuseppe Verdi a réussi à en imprégner profondément son tissu musical, alors qu’il s’évaporait tout juste de l’histoire de la courtisane Marie Duplessis, morte en 1847, six ans avant la création de l’opéra à Venise.
Dans Traviata – Vous méritez un avenir meilleur, les spectateurs sont invités dans l’intimité de Violetta à voir de tout près le feu auquel elle se livre, parmi les convives de cette fête musicale et fantasmagorique où se mêlent théâtre et opéra, voix parlées et voix chantées, où la distinction entre instrumentistes et chanteurs se brouille, où Charles Baudelaire se trouve assis près de Christophe Tarkos et où chantent et meurent les fantômes de ce Paris en plein essor industriel dont nous vivons à présent l’avenir. (Benjamin Lazar)

 

 

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Aurélien

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