Le Grand Oeuvre de René Obscur (Critique)

Le Grand Oeuvre de René Obscur

Concept, Mise en Scène : Bertrand DE ROFFIGNAC

Scénographie : Henri-Maria LEUTNER assisté de Benjamin MARRE

Création Lumière  : Grégoire DE LAFOND et Thomas CANY

Création sonore : Axel CHEMLA et Romeu-Santos

Création masques et accessoires : David FERRE

 

Avec :

Adriana BREVIGLIERI, Axel CHEMLA, Bertrand DE ROFFIGNAC, Gall GASPARD, Marion GAUTIER, Xavier GUELFI, Loup MARCAULT-DEROUARD, Francois MICHONNEAU, Pierre PLEVEN, Erwan TARLET, Baptiste THIÉBAULT

 

Jusqu’au 24 septembre 2023

Au Cirque Electrique

 

Gênant et brillant à la fois. Comme dans une autre pièce de Bertrand DE ROFFIGNAC, Fils de chien – Manifeste autophage I, le spectacle emprunte la voie de l’œuvre d’anticipation d’un futur très proche. Si proche qu’il frôle le présent. Dans ce futur, le progrès finit toujours par être utilisé à des fins moins altruistes qu’espérées. Communiste et capitalisme se font l’amour et la guerre. Freak et fric sont jumeaux.

A l’instar de la caméra de René OBSCUR, l’esthétisme de la pièce est malmené tout en restant magnétique. On rit devant l’absurdité et la vaillance de certaines scènes ou propos tant ils sont ancrés dans la réalité et pas si ridicules qu’ils n’en ont l’air. Le texte est dense au même titre que toutes les allusions et visuels qui étoffent le discours. On nous offre de nombreuses voies, de nombreuses lectures et des interrogations à profusion. Peut-être un peu trop parfois…

Le spectacle est ponctué de tableaux chorégraphiques et de numéros circassiens qui nuancent, soulignent le débat ou ouvrent une nouvelle porte vers une réflexion. De réflexion, le spectacle n’en manquent pas, le texte est philosophique, anthropologique et morphique, psychanalytique. Il interroge sur la condition humaine de notre époque en détournant le mythe de Prométhée de façon presque darwinienne dans des excès mesurés. Les détours et détournements sont habiles autour d’une indécence qui fait sens.

Les comédiens excellent dans un surjeu lunaire. Ils sont brûlants, sombres et froids pour la plupart face à un Ange Cratère naïf et presque innocent. Presque parce que plus tout à fait un enfant. Il est subjugué par le progrès au point de prendre de tous les risques. Les muses, quant à elle, sont confrontées au profit qui se fait pénétration et asservissement, côtoient voyeurisme et extase en un délire collectif autosuggéré où s’exercent gêne et plaisir.

Entre politique, pornographie, lobbyisme et wokisme, tout s’imbrique parfaitement en une œuvre au rythme si effréné que certains pourraient se perdre en route. Toutefois, le grand oeuvre ne déçoit pas.

 

Attention : Le spectacle peut heurter certaines sensibilités notamment celle des plus jeunes. 

L’histoire

Dans un Continent aux instances démocratiques fracturées, René Obscur, un réalisateur passé maitre dans la confection de films contestataires à caractère pornographique, achève de créer une caméra révolutionnaire. Ce dispositif technique est capable de produire des films qui suscitent une jouissance sexuelle et spirituelle inégalée tout en défigurant irrémédiablement les acteurs qu’il capture. A l’aide de cet objet René aspire à créer le film parfait, un film capable d’infléchir l’inertie politique de son temps, un film qui serait aussi un hommage à sa muse disparue dans un incendie tragique, Elio.
Sa quête singulière attire l’attention d’Ange Cratère, héritier d’une des plus grandes fortunes du Continent…

Le Grand Œuvre de René Obscur est la deuxième pièce d’une trilogie initiée avec Les Sept Colis sans Destination de Nestor Crévelong (créé au Théâtre de Vanves en janvier 2023)Le Chien serait heureux s’il avait la chance de vous voir. Je pense à lui. Nous pensons tous à lui. Vous aussi vous pensez à lui, pour la simple raison que nous pensons par lui…».Le temps d’une soirée, vous serez invités à retraverser les principaux événements de la vie du Chien, figure mythique mi-homme mi-bête, parvenu à renverser les derniers tabous d’une société sur le déclin. Ce récit viendra justifier son goût pour la chair humaine, ses amours contrariées avec une funambule obèse et la fascination progressive dont il fut l’objet pour ce qui s’est appelé notre Humanité.

 


Crédit photo : Vahid AMANPOUR GHARAEI

 

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Aurélien.

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