La femme n’existe plus (Critique)


LA FEMME N’EXISTE PLUS

de : Céline FUHRER, Jean-Luc VINCENT

Mise en scène : Céline FUHRER, Jean-Luc VINCENT

Création sonore et régie générale : Isabelle FUCHS

Scénographie : François GAUTHIER-LAFAYE

Costumes : Elisabeth CERQUEIRA

Création lumière : Ludovic BOUAUD

Construction : Flavien RENAUDON

Régie plateau : Jessica MANEVEAU

Perruques : Gérald PORTENART

Mixage musique : Christophe MENANTEAU

Musique originale : Christophe RODOMISTO

Voix : Caroline BINDER, Solal BOULOUDNINE, Benoît CROU, Camille MEYNENG, Nathalie MEYNENG, Christophe RODOMISTO, Sébastien VION

Chant : Katel

Avec :
Céline FUHRER, Valérie KARSENTI, Cédric MOREAU, Jean-Luc VINCENT

 

Au Théâtre du Rond-point

Jusqu’au 31 décembre 2023 puis en tournée

Dans un futur pas si lointain, toutes les gaules sont occupées… Toutes ? Non ! Car un petit groupe de résistantes résiste encore et toujours à l’oppresseur. C’est dans ce contexte et dans un décor aux allures postapocalyptiques que se joue La femme n’existe plus. Une pièce où l’absurde ne l’est pas tant que ça ! Mais quel meilleur moyen pour faire passer un message que celui de faire rire ? Reconnaissons que le féminisme est un sujet brûlant qui ne date pas d’hier et qui est régulièrement abordé au théâtre. Mais ici, contrairement à d’autres pièces sur ce thème, jamais on ne regarde la montre tant le ton et le rythme sont incisifs. On n’avait pas vu ça depuis King Kong Théorie ou Je te Pardonne… Harvey Weinstein.

La femme n’existe plus à de quoi ébrouer autant ceux qui se délecteront de l’humour débordant de la pièce que ceux qui se sentiront visés. Il faut dire, et c’est une force, que les comédiennes tirent à balles réelles. Elles n’hésitent pas à citer les prédateurs sexuels et ses défenseurs de tous bords. Qu’ils soient des hommes politiques, des artistes et donc éventuellement collègues mais aussi les femmes réacs, tout le monde y passe. On a l’impression que personne n’est oublié… à part Gilbert Rozon. Même l’actualité la plus récente y est abordée. Autant de références multiples où, non pas le tact mais plutôt la dérision fait son effet. Un peu comme un médicament qu’on cacherait dans la friandise du roquet. Le paternalisme… Non ! correction, pas paternalisme, appelons un chat un chat, le machisme est mis au pilori pour le plus grand bien de la société.

C’est si bien construit que ça en est trop court. Aussi tordant qu’impitoyable. La création visuelle et sonore apportent leur lot de surprises aussi ridicules qu’inquiétantes. Le texte est pointu avec une absurdité qui fait plus facilement assimiler sa violence. Les punchlines font mouche. On adore chacune des héroïnes caustiques de « Souterraines mais souveraines ». Avec, toutefois, une petite préférence pour Françoise (joué par un homme, admirez là-aussi un certain culot) surtout dans son numéro de drague en voiture ! A se tordre de rire ! Pas évident quand on aborde des sujets tels que l’avortement, le droit au refus ou le féminicide. Si on n’aime pas la vulgarité, dire qu’ici on est sur le fil serait un doux euphémisme, c’est si bien amené que ça ne déstabilise pas du tout.

La femme n’existe plus va en agacer plus d’un.e et c’est tant mieux. La production et tous les artistes prennent des risques dans un métier encore très masculin. Pour autant, on ose mettre un « coup de cœur » à ce spectacle et tant pis pour ceux ça dérange. De ces dernier.e.s, quitte à être un homme, autant que ça serve à s’en battre les couilles.

 
Crédit photo : Yannick Debain

L’histoire

Pour Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent, trente ans d’amitié et presque autant à partager les plateaux (notamment au sein de l’iconique troupe des Chiens de Navarre) n’ont eu raison ni de leur connivence ni de leur mauvais esprit qu’ils mettent au service de farces mordantes et outrageusement politiques. Dans leur nouvelle création, ils s’en donnent à cœur joie en créant, avec Valérie Karsenti et Cédric Moreau, un quatuor de femmes qui ne sont pas sans rappeler Simone de Beauvoir, Delphine Seyrig, Françoise Dolto et Annie Le Brun (qui pourrait être aussi bien Virginie Despentes ou Alice Coffin). Des femmes planquées dans un tunnel pour organiser la résistance au GRAF, Grand Retour Aux Fondamentaux, parti nouvellement élu et au patriarcat exacerbé ! Une comédie désopilante pour se remettre les idées en place sur le féminisme…

 

 

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Aurélien

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