Madame Marguerite (Critique)


Madame Marguerite

De : Roberto ATHAYDE

Mise en scène : Michel GIES

 

Avec :

Emilie CHEVRILLON

 

Jusqu’au 17 janvier 2024

Au Essaïon Théâtre

 

Un spectacle peut-il être pertinent et impertinent à la fois ? Pour répondre à cette question, il suffit d’aller voir Madame Marguerite.

 

Après une apparition aussi démoniaque qu’angélique, les sujets sont abordés avec fracas et folie. Des sujets aussi discutables que la mort, la vie, le sexe… Jonglant insidieusement entre les notions d’inné et d’acquis. Parlant à la 3ème personne comme pour marquer la distance et de dédouaner de ses débordements, Madame Marguerite se permet tout.

Dans son personnage de maîtresse, Madame Marguerite est lunaire, inquiétante, dominatrice, piquante et avec tout cela dangereuse. Notons ici que le mot « maîtresse » n’est pas anodin, on n’oserait pas parler de professeure car les élèves (les spectateurs) sont dans un état de soumission face à cette furie.  Ils sont comme esclavagés, asservis à celle qui détient le pouvoir, la vérité… Ou plutôt sa vérité. Un abus de pouvoir habile et caustique. Elle est le feu et l’eau dans ses errances fantomatiques et énigmatiques.

Que dire du talent de comédienne d’Emilie CHEVRILLON c’est simplement irréprochable. Un jeu nécessaire quand on doit passer par tant d’états en une fraction de seconde. Elle est captivante de schizophrénie dans un discours où elle s’adresse à son auditoire sans détour.

Là où on s’étonne, c’est qu’à être aussi antipathique, elle en devient attachante. Preuve que son emprise a fonctionné.

Aussi ludique que lubrique, Madame Marguerite est méchamment drôle.


Crédit Photo : Alejandro Guerrero

L’histoire

« Le pouvoir est-il drôle ? Oui, s’il nous fait un striptease suffisamment dévergondé. Comme le fait Madame Marguerite en nous réduisant à des élèves de septième. » (Roberto Athayde)

Ce Monologue tragicomique pour une femme impétueuse, interprété dans le monde entier par les plus grandes comédiennes avec un succès constant, avait été écrit au Brésil pour dénoncer la dictature. Universel et plus que jamais d’actualité, il nous confronte à la folie du pouvoir. La question qu’il pose, avec un humour décapant, est : jusqu’où peut conduire la volonté de puissance lorsqu’on dispose d’un pouvoir, si petit soit-il, comme celui de Madame Marguerite, maîtresse d’école dans une classe de septième ? A la manière de tous ceux – politiques et gouvernants, mais aussi médias, réseaux sociaux, influenceurs – qui détiennent une parcelle de pouvoir, elle se sert des mots, dont elle pervertit le sens pour obtenir la soumission des esprits. Jusqu’à ce que la machine se grippe et qu’elle se perde elle-même.

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BILLETTERIE

Aurélien.

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