Carmen (critique)

Carmen

D’après : Prosper MERIMEE

Musique : Georges BIZET

Livret : Ludovic HALEVY et Henri MEILHAC

Mise en scène : Calixto BIEITO

Direction musicale : Fabien GABEL

Décors : Alfons FLORES

Costumes : Mercé PALOMA

Lumières : Alberto RODRIGUEZ VEGA

Chef de chœur : Alessandro DI STEFANO

Direction de la Maîtrise : Gaël DARCHEN

Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris
avec la Maîtrise des Hauts-de-seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Avec :

Karim BELKHADRA, Joseph CALLEJA, Nicole CAR, Adèle CHARVET, Andrea CUEVA MOLNAR, Ildebrando D’ARCANGELO ou Etienne DUPUIS, Loïc FELIX, Marc LABONNETTE, Tomasz KUMIEGA, Marc LABONNETTE, Clémentine MARGAINE et Guilhem WORMS

 

Jusqu’au 25 février 2023

A L’Opéra Bastille

La version de Carmen emmenée par Calixto BIEITO et jouée à l’Opéra Bastille propose une mise en scène savoureusement effrontée, aussi sulfureuse que peut-être le personnage éponyme.

La scène fait la part belle à une opposition d’espaces vides et d’espaces occupées tous mis en lumière par un éclairage souvent nu, froid qui fait, une nouvelle fois écho au caractère de la Bohémienne au sang chaud. Un éclairage qui change peu mais jamais sans raison. Ainsi, il soulignera, par exemple, l’indécence assumée de l’homme face à la bête imaginaire en prélude à l’acte III. Le décor et les costumes contemporains ne sont pas sans rappeler, volontairement ou non, une œuvre musicale d’un autre genre West Side Story par certains détails, grains et coloris.

Carmen (Clémentine MARGAINE) nous pousse dans nos retranchements par son interprétation aux antipodes d’un rôle qui pourrait être surannée. Don José (Joseph CALLEJA) nous ravit de sa voix sublime. Au milieu d’un ballet de taureaux métalliques, on assiste à une performance incroyable des deux zingaras Frasquita (Andrea CUEVA MOLNAR) et Mercédès (Adèle CHARVET) rejointes par Clémentine MARGAINE. Le trio nous laisse le souffle coupé. Parallèlement, chaque performance de Nicole CAR, dans le rôle de Micaëla, nous emporte avec elle dans un vague à l’âme plaintif presque dépressif.

La triade Carmen, Don José, Escamillo sur fond de corrida et de passion criminelle en filigrane est particulièrement singulière et convaincante. Voguant sans cesse entre hymne à la mort et hymne à l’amour, Calixto BIEITO met l’accent sur le texte en utilisant une dramaturgie pertinente.

L’œuvre présentée nous fait grâce d’un livret étiré pour n’en garder que l’essentiel. L’emblématique opéra de BIZET part à l’opposé d’une scénographie académique sans s’en détacher tout à fait. C’est là toute la force de ce spectacle dans lequel on n’est toujours sur le fil entre audace et classicisme technique.

Un spectacle qui vaut d’être vu à bien des aspects !


Crédit Photo : Guergana Damianova
L’histoire

Quel scandale le 3 mars 1875, lors de la création de Carmen à l’Opéra‑Comique devant un public choqué par ce « dévergondage castillan » ! Georges Bizet mourra trois mois plus tard, sans se douter que sa partition deviendrait l’une des plus jouées au monde. Si le succès de l’œuvre est dû à ses mélodies inoubliables, il doit beaucoup au caractère affranchi de la célèbre cigarière. « Jamais Carmen ne cèdera, libre elle est née, libre elle mourra », lance l’héroïne à Don José à la fin de l’opéra. Cette irrépressible liberté, couplée à la nécessité de vivre toujours plus intensément sur le fil du rasoir, la mise en scène de Calixto Bieito en rend compte comme nulle autre. Du personnage de Mérimée, Carmen conserve chez Bieito les contours profondément ibériques et le tempérament brûlant de celle qui vit de petits trafics. Mais l’oiseau rebelle est foncièrement de notre époque. Vamp aguicheuse et insoumise, témoin de la brutalité masculine et sociétale, elle roule à grande vitesse, pressée d’exister.

SITE OFFICIEL

BILLETTERIE

 

Aurélien.

Reply

Leave a comment.