Médée (Critique)

Médée

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D’après : Pierre CORNEILLE

Musique : Marc-Antoine CHARPENTIER

Livret : Thomas CORNEILLE

Mise en scène : David McVICAR

Direction musicale : William CHRISTIE

Décors et Costumes : Bunny CHRISTIE

Lumières : Paule CONSTABLE

Chorégraphie : Lynne PAGE

Reprise chroégraphie : Gemma PAYNE

Chef des Chœurs : Thibaut LENAERTS

Avec :

Lisandro ABADIE, Gordon BINTNER, Emmanuelle DE NEGRI, Clément DEBIEUVRE, Lea DESANDRE, Elodie FONNARD, Maud GNIDZAZ, Alice GREGORIO, Mariasole MAININI, Laurent NAOURI, Julie PERRET, Bastien RIMONDI, Julie ROSET, Virginie THOMAS, Reinoud VAN MECHELEN, Ana VIEIRA LEITE, Matthieu WALENDZIK et Julie WISCHNIEWSKI

Jusqu’au 11 mai 2024

A L’Opéra Garnier

Dans cette mise en scène de Médée, seule la partition de Marc-Antoine CHARPENTIER a gardé son esprit baroque. Pour le reste, on est face à une œuvre antidatée où les personnages se retrouvent plongés dans une époque de seconde guerre mondiale. Rien d’étonnant alors d’y retrouver les armées grecques devenir celles des principaux alliés de la France. Si cette transposition est notable du côté des costumes, elle l’est aussi du côté des figures emblématiques de la période. On retrouvera ainsi un Créon qui prend des airs de Général de Gaulle ou Créüse sous les traits d’une Marylin Monroe d’après-guerre pour ne citer qu’eux.

Anfin de rendre le décor et la dramaturgie plus « anti-épiques » encore qu’ils ne le sont, un jeu sur les ombres tantôt rétrécies, tantôt agrandies ou même jouant d’une illusion magique dans ses inversions magnifie le propos.

Niveau chorégraphie, on sort des traditions avec des pas qui frôlent eux aussi avec les inspirations du le XXe siècle. On peut parler d’audace quand ceux-ci associent rock acrobatique et cancan. Mais c’est surtout la danse de salon qui est mise à l’honneur dans ce Médée. Le burlesque fait son œuvre dans l’acte 2 avec son lot de strass, de paillettes et de plumes lors de l’arrivée de Cupidon. Là encore, de l’audace ! On est moins sous le charme de l’acte 3 : l’invocation des forces du mal est appréhendé avec kitsch bien que cela ne semble pas déplaire au public, au contraire.

On était en admiration sur Lea DESANDRE la saison passée dans son rôle de page sur Roméo et Juliette mis en scène par Thomas JOLLY. On confirme notre emballement pour l’artiste. Elle ne contente pas d’une Médée vengeresse mais propose toutes une variation d’émotions dans tant la voix que dans le paraître. Aucune fausse note n’est à déplorer. Normal pour une cantatrice mais on parle surtout de la présence scénique. Elle montre une Médée ancrée, déterminée, bafouée soulignant la lisibilité du livret de Thomas CORNEILLE.  Un livret qui survole, volontairement, la partie la plus habituellement exploitée du mythe : l’infanticide et s’attache davantage à creuser du côté du cheminement d’une telle atrocité. En tant que parfaite sorcière, c’est sans surprise qu’on se laisse envouter par son charme.

Quatre heures intenses durant lesquelles la vengeance gonfle en un panel d’émotions retranscrites dans la voix prodigieuse de Lea avec force et vérité. Que dire de la conclusion que la chanteuse nous offre ? Elle termine sa terrible ascension maléfique en un mot sur deux notes qui nous collent à notre siège.

Mémorable !


Crédit Photo : Elisa HEBERER
L’histoire

C’est peut-être le personnage le plus insondable de la mythologie : Médée, la magicienne, trahie par son époux Jason, se venge en offrant à l’amante de celui-ci une robe empoisonnée puis en tuant ses propres enfants. Un tel destin, maintes fois repris dans les arts, ne pouvait que s’incarner à l’Opéra.

En 1693, Marc-Antoine Charpentier crée à l’Académie royale de Musique – ancêtre de l’Opéra national de Paris – son unique tragédie lyrique, sur un livret de Thomas Corneille, en présence de Louis XIV. Trois siècles après sa création, cette partition baroque d’une grande richesse orchestrale revient pour la première fois sur la scène de l’Opéra national de Paris, portée par la direction musicale de William Christie.

Réputé pour ses lectures d’une grande lisibilité, le metteur en scène David McVicar transpose l’action pendant la Deuxième Guerre mondiale, renforçant ainsi le caractère tragique de l’héroïne.

SITE OFFICIEL

BILLETTERIE

Aurélien.

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