Après un accueil des plus agréables qui permet de plonger le spectateur dans l’intimité des personnages au point de créer un lien avec les artistes, les tubes souvent rock vont s’enchainer au gré de moments de vie croustillants. On a la sensation de prendre part à une soirée entre potes où l’attention se porte sur Cookie MUELLER, star de la soirée.

A la gouaille de Cookie s’ajoute un placement du corps, culotte à l’air, qui utilise parfaitement le cadre du récit. Encore une belle intervention de Justine HEYNEMANN qui rend les deux artistes sur scène magnétiques et désirables. Les effets sur les costumes et sur les coiffures ajoutent encore à cette création qui éclate le quatrième mûr à coup de bélier. Mais tout va bien puisque c’est avec douceur, qu’on prend les coups à la poitrine.

De la musique, saturée ou en sourdine, aux interventions du musicien qui devient comédien dans de multiples rôles, on se laisse attraper à oublier qu’on est au théâtre sans avoir à fermer les yeux.

Cookie fait partie de ces spectacles inclassables qui explorent des personnages ancrés dans la réalité. Des personnages ni trop sombres, ni trop fleurs bleues. Jamais des caricatures d’eux-mêmes. Au premier plan, bien entendu, Cookie MUELLER joué avec un détachement approprié et avec panache.

Cookie fait ainsi la démonstration de sa détermination à explorer la vie et le monde sans se poser de questions. A l’instar de tous les personnages qui ont envie de flamber la vie, on connait le prix à prix icarien à payer : se brûler les ailes. Le spectacle est clair sur le point dans plusieurs moments. Notons d’ailleurs, une narration qui n’est, en rien chronologique et qui ne gêne aucunement. On navigue ainsi entre moments de tensions sexuelles « subtilo-convenable »s et anecdotes plus personnelles, plus rudes mais non moins intimes. C’est par ce découpage que le public se retrouve embarqué dans ce qui s’apparente à un road-trip endiablé. Si un strip agirait sur la tri***, Cookie fait de l’effeuillage plus cérébral qu’orgasmique qui agît sur nos émotions profondes. Le langage fleuri se fait oublier par cette profondeur du propos même au sein des travailleurs du sexe.

Cookie est une pièce renversante ! C’est charmant, provoquant, fou et frais.

Crédit photo : Léa COMELLI