Peau d’Homme
D’après : HUBERT et ZANZIM
Adaptation : Léna BREBAN
Mise en scène : Léna BREBAN asssistée d’Ambre REYNAUD
Chansons : Ben MAZUE
Chorégrahies : Laïla KA
Scénographie : Juliette AZZOPARDI et Jean-Benoît THIBAUD
Supervision musicale : Fabrice MARTINEZ
Coaching vocal : Camille FAVRE-BULLE et Vincent HEDEN
Création sonore : Raphaël AUCLER et Victor BELIN
Costumes : Alice TOUVET
Lumières : Denis KORANSKY
Perruques : Julie POULAIN
Avec (en alternance) :
Léna BREBAN, Pauline CHEVILLER, Jean-Baptiste DAROSEY, Clément DE WITT, Emmanuelle RIVIERE, Valentin ROLLAND, Clément SIMOUNET, Aurore STREICH, Adrien URSO, Vincent VANHEE, Régis VALLEE
à la Comédie des Champs-Elysées
Jusqu’au 25 janvier 2026




C’est sans avoir lu la bande-dessinée mais poussés par le travail de Ben MAZUE que nous nous aventurons dans ce spectacle. Quelle petite merveille de théâtre que cette pièce ! On y plonge avec facétie. En effet, il y a pas mal d’humour burlesque tant et si bien qu’on est entre théâtre, comédie musicale et cabaret.
On avait entendu des avis très divergents et il fallait se faire sa propre opinion. Aussi peut-on comprendre les avis parlant de vulgarité. Elle est présente mais si bien amenée et illustrant parfaitement le propos qu’elle est loin de déranger. On a vu des spectacles sur l’appropriation des genres plus modérés et plus mièvres et cependant bien plus hasardeux. Alors effectivement, on peut s’offusquer une seconde et demi de voir un pénis sur scène mais rapidement le rire prend le dessus sur le ridicule et la réalité de la situation. Par ailleurs, au-delà du rire, il y a une grande réflexion dans le texte qui utilise une écriture, un style s’approchant tantôt de Molière tantôt de Goldoni. Ainsi, ce qui pourrait être grotesque est l’illustration d’une situation attendrissante dans certains cas, condamnable dans d’autres. Si le jeu peut d’abord décontenancer, il devient une belle audace dans laquelle on finit par se complaire.
Plus qu’une fable, plus qu’une satire, Peau d’Homme détourne les idées reçues et ancrées dans l’inconscient collectif depuis des siècles. Pas étonnant qu’on y retrouve des éléments de contes chargés de véhiculer les idées plaçant la femme et l’homme dans des cases bien hermétiques. On retrouve donc avec plaisir certaines références plus ou moins subtiles : Peau d’âne, bien sûr dans le titre mais aussi Cendrillon, Gaston de La Belle et La Bête version Disney, Roméo et Juliette et bien d’autres encore. Et puis on veut aussi y trouver des références beaucoup plus en phase avec l’actualité comme une tiare ecclésiastique rappelant une certaine couronne portée par Barbara BUTCH sur le festin des dieux de Thomas JOLLY. On y voit un joli pied de nez au fanatisme et aux “fachelards” utilisant le wokisme comme fer de lance pour justifier leur intolérance sur toutes les questions de genre, entre autres.
Au détour de cette histoire incongrue et faussement surannée à laquelle on adhère au point de vouloir comme dans tout conte pour enfants un happy ending. On se réjouit de titres aux mélodies caressantes, parfois même lubriques, au point d’adoucir, par exemple, une perte de virginité anale. C’est drôle et romantique. Si si, on vous assure !
On est impressionné par la transformation en homme de Pauline CHEVILLER. Les changements sont rapides et semblent même faire apparaitre une protubérance à l’entrejambe au détriment de celle d’une gorge. On en vient à ne plus savoir, nous-même, si on préfère Bianca ou Lorenzo. Chacun.e y va, d’ailleurs, de ses mignons petits clichés associés à son sexe, ce qui n’est pas sans ajouter une remise en question amenée subtilement. Des clichés oui mais, là encore, contrairement à d’autres comédies, ils ne font pas dans la lourdeur. Les filles rêvent d’amour sincère quant aux garçons, il n’y a que la bagarre qui compte… et son cul, et son cul, et son cul. C’est si absurde qu’on s’en réjouit. Certains personnages nous font mourir de rire telle Agostina pour ne citer qu’elle.
Par-delà la folle et douce irrévérence du texte, les codes de la comédie musicale sont présents. Chaque artiste chante quand les mots lui manquent et on aura le droit à un eleventh hour number avec l’impressionnante Aurore STREICH. Et puis, ça chante juste et simplement, sans démonstration de qui aura la plus grosse… voix, on ne boude pas notre plaisir.
Il est fort à propos, une fois n’est coutume, de crier « Bravo les Gars ! ». Osez donc pousser la porte du Chat qui louche, vous allez jouir comme jamais. Une comédie toute aussi décomplexée qu’intelligente.
L’histoire
Bianca est une jeune fille de bonne famille. Vient pour elle le moment de se marier avec un homme choisi par ses parents et dont elle ignore tout.
Dans l’Italie de la Renaissance, il n’est pas question pour elle de discuter la décision familiale.
Pourtant, elle ne peut se résoudre à épouser un homme qu’elle ne connaît pas.
C’est alors que sa marraine lui révèle un secret. Elle est en possession d’une « peau d’homme » qui, si elle la revêt, lui permettra de devenir un garçon, d’explorer le monde et lui donnera l’occasion de découvrir son fiancé incognito…
Ce spectacle musical interroge le rapport au genre et à la sexualité, à la religion et à la morale, avec un humour corrosif, le tout toujours agrémenté d’une grande tendresse.
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Aurélien.