1914 -1918 – Les trois derniers jours d’un facteur poilu

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De Gérard Pirodeau

Au théâtre du Gymnase

Avec Alexis Smolen et Kevyn Diana

Enterrés vivants, dans une tranchée suite à un bombardement allemand, deux poilus Théodore Lagrange et Roger Perrin se retrouvent prisonniers… Grièvement blessé aux yeux suite à une attaque au gaz quelques jours auparavant, Théodore Lagrange, paysan catalan, ne sait ni lire, ni écrire. Mais, il sait jouer de la musique, de l’accordéon. Roger Perrin quant à lui, homme de lettre, facteur de métier est blessé à la jambe. Le facteur s’est engagé pour des raisons politiques et humaines. Le paysan a été enrôlé d’office. Deux mondes différents, et pourtant. Ils se retrouvent tous les deux dans cette pénombre froide, ne sachant pas combien de temps leur calvaire va durer… Ils se rencontrent, apprennent à s’apprécier, se comprendre, s’entre-aider. Alors que tout les sépare.

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A travers cette chronique d’une fin annoncée, Gérard Pirodeau raconte ces hommes qu’on pousse au crime, qu’on envoie à l’abattoir, à qui on apprend le mensonge, la trahison et la mort. Au fil des heures qui s’échappent, les deux condamnés s’épaulent comme ils peuvent, déchirés entre leur vie d’avant et la réalité de la guerre : la souffrance, la solitude, la censure du courrier, l’exécution des déserteurs, les vains sacrifices. Un huis clos étouffant, cruel et humaniste à la fois. C’est le genre du pièce à laquelle je me rends comme lorsque je me rend au cinéma pour voir un film de guerre. C’est-à-dire en me disant que ça va être d’un ennui mortel. Mais comme au cinéma, une fois sur cinq, on tombe sur quelque chose qui fonctionne. Alors oui, l’œuvre est dure mais c’est ce qui en fait toute sa vérité et ainsi même toute sa réussite. Qui dit théâtre dit, souvent dans l’inconscient collectif, « rire ». Mais là, on se doute bien qu’on ne va pas rire bien au contraire et si tout est annoncé aussi bien sur le contenu que sur l’issue de la pièce grâce au titre, on n’en est pas moins captivé. Les deux comédiens sur scène font preuve d’une grande justesse. Et la performance physqiue est tout aussi méritante : jouer pendant une heure les yeux bandés, ça doit être douloureux de revoir la lumière à la fin de la représentation. Idem pour le fait d’avoir une jambe raide pendant le même laps de temps . Le tout recroquevillé ou étendu dans la petite galerie dans laquelle ils sont piégés avec nous d’ailleurs. En effet, c’est bien vu que de jouer la pièce dans la salle du Petit Gymnase : une toute petite cellule dans les profondeurs de théâtre. A souligner également que malgré la difficulté physique, on a ici des acteurs qui sont tellement pris par leur rôle que leurs larmes coulent encore au moment des saluts. Un spectacle qui ne sera pas nécessairement tout public mais qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

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