Voyage dans les Mémoires d’un Fou (Critique)

De et avec Lionel Cecilio

Du 25 avril au 15 juin 2019

A l’ Essaïon Théâtre

Faute à pas de chance, un attaché de presse m’invite sur 3 spectacles différentes. Ces trois-là n’étant tellement pas à la hauteur que je n’écris pas dessus. Après tout, on ne tire pas sur les ambulances et pour les même raisons, je ne citerai pas ces spectacles. Alors, c’est avec une certaine réticence que je pars assister à une représentation de Voyage dans les Mémoires d’un Fou. Et j’aurai eu tort de m’en priver. Dans un autre registre, après un assez réussi Peau Neuve au Ciné Théâtre 13 la veille, je suis, ce soir, totalement séduit par ce solo donné par Lionel Cecilio. Pas facile, pourtant, de me convaincre avec un monologue. Enfin, monologue ?! Pas vraiment, le comédien arrive à faire vivre plusieurs personnages en même temps sur la scène du théâtre. Et que dire encore de ce comédien qui est aussi l’auteur de ce voyage et qui manie la plume avec un talent indescriptible, joue de sa logorrhée avec autant d’aisance et d’assurance qu’un trapéziste s’exécutant sans filet sous le grand chapiteau. C’est tour à tour, touchant, drôle et philosophique. On assiste à une joute verbale individuel et délectable. Une sorte de combat intérieur entre le conscient et l’inconscient du protagoniste. Quel impressionnant pouvoir de savoir manier le verbe, les calembours, les jeux de mots et les figures de style avec une telle finesse. Un moment suspendu dans le temps.

L’histoire

À l’annonce d’une maladie incurable, comment réagir lorsqu’on réalise que sa dernière heure approche ? Saisir la vie à bras le corps ?… ou attendre avec fatalité que la mort passe ? Et pourquoi ne pas plutôt écrire ses mémoires pour les offrir à un lecteur imaginaire ?! C’est le point de départ d’un récit haletant aux frontières du réel, délirant, virtuose et drôle à la rencontre de personnages croustillants émaillant la route de notre jeune fou : le Père, l’Enfant, un médecin lunaire, un prêtre, un professeur acariâtre, un coach de boxe émouvant, Dieu, Einstein, Jeanne d’Arc… Sur des textes finement ciselés qui amusent autant qu’ils donnent à penser, l’auteur invite à un passionnant périple intérieur. D’une rare sensibilité, d’une force poétique et d’une cruauté débridée, cette pièce à la fois drôle et tendre est également admirablement interprétée : on passe du rire aux frissons, on est ému et touché aussi. Une véritable découverte et un hymne à la folie du monde…

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Aurélien

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