Danse « Delhi » (Critique)

Danse « Delhi »

de Ivan VIRIPAEV

Adaptation : Tania MOGUILEVSKAIA et Gilles MOREL

Mise en scène : Gaëlle HERMANT

Dramaturgie : Olivia BARRON

Lumières et régie générale : Benoît LAURENT

Création musicale : Viviane HELARY

Scénographie : Margot CLAVIERES

Son : Léo ROSSI-ROTH

Costumes : Néo QUILICHINI

Avec : Christine BRUCHER, Manon CLAVEL, Jules GARREAU, Marie KAUFFMANN, Kyra KRASNIANSKY en alternance avec Lina ALSAYED, Laurence ROY et la musicienne Viviane HELARY 

Du 16 au 22 octobre 2021 au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis

Du 18 au 20 janvier 2022 à La Criée – Théâtre National de Marseille

Les 28 et 29 janvier 2022 au Théâtre Eurydice, ESAT, Plaisir

Les 14 et 15 juin 2022 au Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, scène nationale

 

 

On est d’abord décontenancé par le fait que, comme son titre ne l’indique pas, il ne s’agit pas d’un spectacle de danse mais d’une pièce de théâtre. Ou plutôt de sept pièces de théâtre. La particularité : si chacune des pièces est diférentes, elles ont des points communs : certaines répliques, un personnage dont on annonce la mort mais surtout une danse qu’on ne verra jamais. Une danse qu’on se cesse d’imaginer. L’imagination prend le dessus si bien qu’on devient chorégraphe d’une danse en constante évolution, une danse dont on affine les pas au fur et à mesure que chaque histoire parrallèle la décrit.
Les intermèdes sont portés par une mise en musique enivrante et une lumière comme holographique. La lumière tiens d’aileurs une place considérable dans cette histoire de l’amour, de la mort et de leurs méandres. Le sujet dérange et pousse à une exploration au plus profond de l’intime.
L’ensemble scénograhique et le texte font qu’on en arrive à être plaisamment étourdi.

Incroyablement, judicieusement déstabilisant et également hypnotisant !

 

L’histoire

Dans un salon réservé aux familles dans un hôpital de quartier, six personnages défilent et se rencontrent : une infirmière, Andreï, sa femme Olga, sa maîtresse Catherine, la mère de cette dernière et une femme âgée. Les êtres s’interpellent, se heurtent, se rejoignent, s’interrogent.

Ils vont et viennent de rupture en rapprochement, de froide indifférence en fulgurantes émotions, dans un monde qui va trop vite, une société saturée d’informations et en tension permanente. Sur scène, le tumulte est orchestré par une musicienne – le septième personnage. Ce sont sept variations comme autant de petites pièces dans la pièce , sept variations d’un même récit qui se déroule petit à petit, au goutte-à-goutte, dévoilant les personnages et leurs états d’âme. Chaque lever de rideau annonce la mort de l’un d’entre eux et chaque scène se referme sur la signature de l’acte de décès, les poussant à réagir à la souffrance, la douleur, l’amour, la mort, la culpabilité. Sur un même discours égrainé comme une ritournelle, les couplets se répètent, se décalent et apportent une tonalité singulière, élargissant la polyphonie, laissant entrer un autre instrument dans la danse à chaque nouvelle scène. C’est dans cette partition de théâtre musical que la metteuse en scène Gaëlle Hermant dessine, en éclats de couleurs derrière du verre dépoli, une scénographie dans laquelle la langue d’Ivan Viripaev s’emboîte comme des poupées russes. S’enchevêtrent mélodrame et comédie, cynisme et empathie, réel et illusion. La compagnie DET KAIZEN donne à voir et à entendre une chorégraphie de mots et de vies gravées dans le mouvement des corps, cette Danse « Delhi » qui traverse en filigrane toute la pièce, qui déplace, dérange, bouleverse et transfigure.

 » Ensuite, vient une longue séquence d’acceptation. D’acceptation universelle et de la douleur, et de l’horreur, et de la tragédie. Ensuite, vient la partie essentielle de la danse : la beauté. » Ivan Viripaev, Danse « Delhi »


Crédit Photo : Simon Gosselin

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Aurélien.

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