Tout s’est Bien Passé (Critique)

 

  • Date de sortie au cinéma :  22 Septembre 2021
  • Durée du film : 1h52 Minutes
  • Réalisé par : François OZON
  • Avec : Sophie MARCEAU, André DUSSOLIER, Géraldine PAILHAS, Charlotte RAMPLING, Grégory GADEBOIS
  • Genre : Drame

Synopsis – Tout s’est Bien Passé

Adaptation du roman Tout s’est bien passé d’Emmanuèle Bernheim.

Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC.
Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir.
Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.

 

 

Délivrance

 

On ne sait jamais vraiment à quelle sauce on va être mangé avec François OZON.
Le français jongle volontiers entre films de genre esthétisés (L’Amant Double, Frantz, 8 Femmes) et récits quasi documentaires (Grâce à Dieu).
C’est bien dans cette deuxième veine plus réaliste que se situe Tout s’est Bien Passé, adaptation poignante du roman autobiographique d’Emmanuèle BERNHEIM, malheureusement emportée par la maladie en 2017 et déjà complice du réalisateur sur Swimming Pool et Ricky.

OZON adapte donc le récit de son amie et se concentre sur sa relation à son père André, qui, après un AVC, souhaita en finir avec la vie et demanda assistance à sa fille dans cette délicate entreprise.
Il nous paraît peu pertinent de juger le film sur ses qualités esthétiques, (certains ayant pu lui reprocher une photo « téléfilm »), tant on sent que ce n’est pas la préoccupation première du réalisateur sur cette œuvre.
OZON veut créer un film digne, un hommage à ces êtres chers, en évitant tout pathos, sans toutefois évacuer le sujet de la fin de vie volontaire.

Au contraire, il filme ce drame empreint de touches de comédie bienvenues (André DUSSOLIER, facétieux, capricieux et complexe) en plaçant sa caméra au plus près de son sujet. Comment aider son père à mourir ? Peut-on le convaincre de faire machine arrière, changer d’avis ? Comment s’y prendre concrètement, administrativement, puisque cette démarche est illégale et passible de poursuites en France ?
Si les deux premiers tiers du film s’attachent à poser les enjeux de cette quête pour l’ultime repos en auscultant cette cellule familiale bourgeoise mais névrosée, le dernier tiers nous emporte dans un quasi thriller policier qui tient en haleine jusqu’à son dénouement.

Car cette volonté de mort fait éclater toutes les convenances. Les secrets de famille sont révélés et le personnage de Sophie MARCEAU se bat pour maintenir le bateau à flot, tout en devant faire face à ses propres dilemmes moraux et éthiques.
Celui qui a contribué à vous donner la vie peut-il vous demander la mort ?

 

 

Tout s’est Bien Passé brille en premier lieu par ses interprètes, Sophie MARCEAU, qu’on n’avait plus vu si forte, tout en simplicité et détermination, depuis très longtemps. Ses scènes face à André DUSSOLIER relèvent de l’affrontement tendre, de la joute verbale de haut niveau. Il serait étonnant qu’une nomination aux César ne vienne pas récompenser leur performance.
Le reste du cast est admirable, de Géraldine PAILHAS en sœur bouleversée, en passant par Charlotte RAMPLING et Grégory GADEBOIS, tous deux cruciaux pour l’intrigue.
On peut, cela dit, reprocher au film quelques scènes de flashbacks superflues, tant les relations père-fille et mère-fille se suffisaient à elles-mêmes dans le temps présent, entre tendresse et non-dits qui n’avaient pas besoin d’être explicités.

 

 

Cela dit, François OZON tire de ce difficile récit un plaidoyer pour la volonté humaine, qu’elle soit de vivre ou de mourir. Il nous pose, en tant que société, une simple question : est-il acceptable que vouloir arrêter de vivre soit si difficile ?

OZON nous laisse face au chantier que constitue l’accompagnement vers la mort en France, tant sur le plan moral, familial, qu’administratif.
Il nous rappelle, au final, que ce territoire étranger et inconnu nécessite qu’on s’y aventure inévitablement seul.

 

Clément BOYER-DILOLO

 

 

Reply

Leave a comment.