Queen Size (Critique)

Queen Size

Chorégraphie: Mandeep RAIKHY

Musique : Yasuhiro MORINAGA

Lumière : Jonathan O’HEAR

Décors : Lalit KHATANA

Costumes : Virkein DHAR

Avec : Lalit KHATANA et Parinay MEHRA

Le 22 mars 2019

Au Musée National L’Histoire de L’Immigration – Palais de la Porte Dorée

Le spectacle de danse présenté ici à l’occasion du festival contre les discriminations pourrait en décontenancer plus d’un. On voit d’ailleurs des femmes qui ont emmené leur compagnon sur les lieux mais étonnamment, l’un d’eux récupérera avec délicatesse et bienveillance un des danseur presque nu qui glissera près de lui. Parce qu’il faut dire qu’il y en a de la proximité. On devrai même parler de promiscuité puisque les danseurs entrent en contact direct que ce soit par le toucher ou par le regard entre eux ET avec les spectateurs. Des reagrsd qui s’embrasent et s’embrassent. Il n’y a, d’ailleurs, dans cette échange chorégraphié aucun baiser. Il est suggeré mais jamais donné. La bouche est justement la seule partie d’eux que les deux hommes n’ouvrent jamais. Jouant ainsi sur un quasi silence de cathédrale respecté par le public qui n’applaudit pas entre les scènes sans doute afin de ne pas rompre ce moment de silence. Un spectacle sans paroles comme un pied de nez au théâtre où le pouvoir des mots n’est plus. Où le seul pouvoir qui compte est celui de l’amour. Et que l’amour n’a pas besoin de mots puisqu’il ne n’explique pas. Il se vit simplement.

Le silence ! Même quand le public se déplace (car le public est invité à se déplacer où bon lui semble pendant la représentation) il le fait avec la plus grande discrétion. Certainement aussi, parce qu’on est dans l’intime le plus absolu. C’est érotique mais le sexe est présenté dans toute sa beauté. L’assistance ne s’y trompe pas et n’épprouve aucune gêne, aucune honte, aucune pudeur dans une configuration de salle ou pourtant, chacun peut observer l’autre. Le contact sous toutes ses formes est présent, il passe par le rejet, l’abandon, la possession, la passion. Votre bulle, votre distance intime se s’en sent jamais violé ou agressé pour autant. La beauté n’est pas seulement dans le mouvement. Elle est dans l’échange, dans la caresse et l’effleurement. Aussi ahurissant que cela puisse paraître, surtout pour les bien pensants, la sodomie est sublimée. Tout devient inexpliquablement apaisant autour de nous. Pas une seule fois, il n’y a de voyeurisme dans cette invitation que se voit offrir l’audiance. L’ensemble balaie haine et violence. On a envie de prendre ces deux inconnus dans nos bras ! La beauté est sans pareil… La bande annonce ne doit pas vous dérouter, elle est à mille lieues de ce qui se passe réellement.

On nous explique avant d’entrer (la porte de la « chambre » s’ouvre toutes les 10 minutes environ) qu’on peut partir quand on le souhaite… Qui aurait l’idée de partir ?

C’est de la sculpture vivante. Il n’y plus qu’à espérer que l’expérience King Size dont la représentation était à date unique se renouvelle un jour près de chez nous !

 

L’histoire

En réponse au code pénal indien qui criminalise l’homosexualité, Queen-size invite à partager un moment de vie et à remettre en question ses idées sur l’amour. Autour d’un lit traditionnel indien, le chorégraphe Mandeep RAIKHY divulgue une danse d’effleurement et de suggestivité, une étude détaillée de l’intimité entre deux hommes. Sur un chapoy, sous un baldaquin de verres remplis d’eau, la danse évolue, au milieu des spectateurs tout proches, avec autant de puissance que de finesse.

TRAILER

Aurélien.

Reply

Leave a comment.