D’où l’on vient – In the heights (Critique)

D’où l’on vient (In the Heights)

Date de sortie au cinéma : 23 juin 2021
Durée du film :  2 Heures 27
Réalisé par : Jon M. CHU
Avec : Melissa BARRERA, Stephanie BEATRIZ, Gregory DIAZ IV, Leslie GRACE, Corey HAWKINS, Dascha POLANCO, Anthony RAMOS, Jimmy SMITS…
Genre : Comédie Musicale

 

Synopsis – D’où l’on vient (In the Heights)

Au coeur de la communauté dominicaine aux Etats-Unis, Benny travaille pour le père de Nina qui gère une entreprise de taxis. Le jeune homme rêve d’ouvrir sa propre société. Il doit faire face à la forte désapprobation du père de la jeune fille à l’égard de leur union.

 

Il aura fallu treize ans pour que l’adaptation du musical In the Heights se concrétise enfin. Passé entre les mains d’Universal puis de la Weinstein Company, le projet était revenu à la case départ en 2018. Une vente aux enchères avait alors eu lieu entre studios pour récupérer les droits, remportés par la Warner. Une longue attente pour un bien, deux raisons à cela :

  • Tout d’abord, le compositeur et parolier Lin-Manuel MIRANDA a acquis un tout autre statut ces dernières années. Connu jusqu’alors de la sphère Broadway pour In the Heights et ses 4 Tony Awards, Lin est devenu une icône planétaire avec Hamilton.
  • La question des minorités est également devenu un sujet brûlant et des succès récents tels que Crazy Rich Asians de Jon M. CHU ont prouvé qu’un film de studio pouvait cartonner sans le casting hollywoodien classique. Sans surprise, c’est ce même Jon M. CHU qu’on retrouve à la réalisation de In the Heights.

L’alliance des deux hommes a sans aucun doute joué pour faire du film ce qu’il est : un blockbuster musical de 2 heures 27 à plus de 40 millions de dollars qui brandit ses thèmes sans rougir avec un casting de jeunes talents dans les rôles principaux.

Tourné avant la pandémie, le film est ce dont nous avons besoin aujourd’hui. L’histoire se déroule à Washington Heights, ce quartier situé tout au Nord de l’île de Manhattan. Plus qu’un quartier, on pourrait même parler d’une communauté. Nous y suivons de jeunes descendants d’Amérique latine qui cherchent leur place dans le monde : certains comme Usnavi et Vanessa ne rêvent que de partir le plus loin possible, d’autres comme Nina redécouvrent les Heights après une longue période d’absence. Leurs destins vont se mêler et se jouer dans les jours précédent et suivant un black-out lors d’un été caniculaire.

Nous retrouvons l’esprit, les touches d’humour et l’énergie du musical original. Quiara Alegría HUDES adapte son propre livret et, avec quelques ajustements, rend un scénario finalement très fidèle avec toujours un ventre un peu mou mais porté par le charme de ses jeunes personnages. C’est là où le casting joue énormément. Le choix a été fait de partir sur un quartuor de tête de nouveaux talents et cela fonctionne. Malgré nos doutes, Anthony RAMOS, fidèle collaborateur à la scène de Lin-Manuel MIRANDA, est une relève parfaite pour le rôle d’Usnavi, Corey HAWKINS et Leslie GRACE en Benny et Nina à ses côtés. Melissa BARRERA se dévoile avec brio en Vanessa, une vraie révélation. Mention spéciale pour Gregory DIAZ IV qui apporte sa fougue au rôle de Sonny. Ce sont eux le cœur du long-métrage. On aurait même pu se passer du petit rôle de Lin qui dérange plus qu’autre chose malgré le plaisir de fan service.

L’une des forces sur scène est la partie musicale, grâce aux chansons composées et écrites par Lin-Manuel MIRANDA. Si les rythmes perturbent lors d’une simple écoute, les voir au sein de l’œuvre leur donnent tout leur sens et puissance. On est agréablement surpris de retrouver les titres en grand nombre et quasi intacts dans la transition théâtre – cinéma. Les quelques chansons coupées se font oublier même si on aurait aimé entendre « Sunrise » ou « Inútil ». Tous ceux qui donnent de la voix le font bien et c’est un pur plaisir d’entendre ces nouvelles versions.

Jon M. CHU est un réalisateur connu pour son ambition visuelle. Il n’y a qu’à voir les somptueux plans colorés qui peuplent son Crazy Rich Asians et ses précédents films de danse. Il ne déçoit pas ici : les séquences musicales sont vibrantes, remplies de bonnes idées et de détails qui font la différence. Que ce soit le long numéro d’ouverture, l’hilarant « No me diga », les numéros d’ensemble comme « Carnival del barrio », « 96 000 », le brilliant « The club » (Wepa! Vanessa!) ou les différents solos / duos, chaque personnage a la chance de briller à un moment ou un autre. Seule une séquence va peut-être un peu trop loin (danse sur les murs). A part cela, chorégraphie, chant, danse, rap, univers visuel, tout se mélange à merveille et lorsqu’on en redemande on est aussitôt servis car les chansons s’enchaînent !

Il aurait été difficile de faire une meilleure adaptation cinématographique, ces treize ans d’attente en valaient la peine. On pense forcément à West side story et Rent, et nul doute que si vous aimez ces deux œuvres vous adorerez In the Heights. Le thème de l’héritage si cher à Lin se retrouve ici mêlé à des histoires amoureuses et questionnements sur le futur auxquels chacun peut s’identifier. Les 2 heures 30 passent très vite et appellent à de multiples revisionnages. Un futur classique qui va obséder les fans de musicals tout l’été.

 

Geotoine

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